Le dossier du mois
Les perspectives économiques pour 2016 : Positives !
La fin de l’année est la période des bilans et des prévisions. Après avoir dressé le bilan de l’année 2015 les économistes et les spécialistes tracent les perspectives.de l’année nouvelle. C’est à cette revue des perspectives mondiales ; européennes et françaises qu’il faut procéder. Avancer plus vite. C’est le souhait unanime, à la fois des spécialistes de l’économie et des responsables. « Mais pourquoi donc la France n’avance-t-elle pas plus ? Sa croissance dépasse à peine 1 % en 2015 et n’ira guère plus vite en 2016… Elle bénéficie pourtant de vents puissants. » (JM Vittori – Les Echos 16 décembre 2015).
1 – Les perspectives mondiales
Le FMI anticipe un certain ralentissement
Le FMI a revu en 2015 à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie mondiale, du fait notamment de perspectives plus défavorables pour les grandes économies émergentes et d'un impact du ralentissement chinois plus fort que prévu. Dans son rapport d’octobre 2015, le FMI estime que « la reprise devrait se poursuivre aux Etats-Unis grâce à la baisse des prix de l’énergie, à la réduction du frein budgétaire, au renforcement des bilans et à l’amélioration du marché immobilier… La croissance devrait atteindre 2,6 % en 2015 et 2,8 % en 2016 ». « Dans la zone Euro, la reprise modérée devrait se poursuivre en 2015–2016, portée par la baisse des prix du pétrole, l’assouplissement de la politique monétaire et la dépréciation de l’euro. Par ailleurs, la croissance potentielle demeure faible, en raison des séquelles de la crise, mais aussi de l’évolution démographique. Une croissance et une inflation modérées sont donc attendues. La croissance devrait passer de 0,9 % en 2014 à 1,5 % en 2015 et à 1,6 % en 2016, comme prévu en avril 2015. Pour le FMI, la croissance devrait s’accélérer en 2015 et en 2016 en France (1,2 % en 2015 et 1,5 % en 2016), en Italie (0,8 % en 2015 et 1,3 % en 2016) et surtout en Espagne (3,1 % en 2015 et 2,5 % en 2016). En Allemagne, la croissance devrait demeurer voisine de 1½ % (1,5 % en 2015 et 1,6 % en 2016.
L’OCDE prévoit une croissance ralentie
L'OCDE a également légèrement baissé ses prévisions de croissance mondiale à 3,0% en 2015 puis 3,6% en 2016, alors qu'en juin 2015 elle attendait respectivement 3,1% et 3,8%. « La reprise progresse dans les économies avancées mais les perspectives ont continué à se détériorer pour plusieurs économies émergentes », avec une croissance moins forte qu'attendu en Chine et surtout une récession beaucoup plus sévère que prévu au Brésil, a noté l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L'OCDE a baissé ses prévisions de croissance de l'économie française, à 1,0% cette année et 1,4% en 2016, alors qu'en juin elle attendait encore 1,1% en 2015 puis 1,7% en 2016. Dans la zone euro. L'OCDE, dans son rapport intérimaire sur l'économie mondiale, n'a pas livré d'analyse détaillée pays par pays. Elle a seulement noté qu'en moyenne en zone euro, la croissance « s'améliorait, mais moins vite qu'espéré », et devrait s'établir à 1,6% cette année et 1,9% l'an prochain.
Le diagnostic de l’Insee
L’Insee a souligné en 2015 que la croissance des économies avancées était restée solide au 2ème trimestre 2015. L’activité a nettement accéléré dans les pays anglo-saxons. Dans la zone euro, le scénario d’une reprise qui se diffuse s’est confirmé (+0,4%). La croissance devrait s’élever progressivement, à +0,4% au 3ème trimestre puis +0,5% au 4ème. Seule la croissance française a déçu, marquant le pas au 2ème trimestre après un début d’année dynamique. L’Insee prévoit une progression du PIB de +0,2% au 3ème trimestre puis de +0,4% au 4ème, ce qui porterait la croissance sur l’année a +1,1% (après +0,2% en 2014). La demande reste bien orientée, l'activité progresse par à-coups (Insee, Point de conjoncture, 1er octobre 2015).
2 - Les perspectives européennes
La Commission européenne prévoit une reprise modérée
En novembre 2015, la Commission affirmait : « Comme nous l'avions prévu au printemps, la reprise économique de la zone euro cette année a été portée par une combinaison de facteurs, parmi lesquels la faiblesse des prix du pétrole et un taux de change de l'euro relativement bas si on le compare à l'année dernière. Ceci reste vrai dans nos prévisions d’automne. Premièrement, après un rebond aux alentours de 60$ le baril au printemps, le cours du baril de pétrole Brent se situe environ à 48$ actuellement. Compte tenu de ces développements, nos hypothèses de prix du pétrole pour 2015 et 2016 ont été revues à la baisse par rapport aux prévisions de printemps. En 2017, les prix devraient également rester faibles. La chute des prix du pétrole a considérablement réduit les coûts énergétiques pour les entreprises et les ménages, permettant un accroissement des marges bénéficiaires des entreprises et du pouvoir d'achat des ménages. Deuxièmement, la dépréciation de l'euro a été amplifiée par la décision d'assouplissement quantitatif de la BCE en janvier 2015. Elle a eu un impact positif pour les exportateurs de la zone euro et leur a permis de gagner des parts de marché. Le taux de change de l'euro devrait continuer à soutenir la reprise économique à court terme.
L’économie européenne prévue par la BCE
Pour la Banque Centrale Européenne, la reprise économique dans la zone euro devrait se poursuivre et le PIB en volume croître de 1,5 % en 2015, 1,7 % en 2016 et 1,9 % en 2017. Les perspectives générales restent globalement inchangées par rapport au précédent exercice de projection, même si un renforcement des perspectives relatives à la demande intérieure et une dégradation concernant la demande étrangère sont attendus. L’inflation s’accélérerait sur l’horizon de projection pour s’établir à 1,6 % en 2017. Les perspectives d’évolution de l’inflation ont été légèrement révisées à la baisse, principalement en raison du recul des cours du pétrole. Pour la BCE "Un certain nombre d’éléments favorables devraient continuer à encourager, en 2016 et 2017, le redressement soutenu par la demande intérieure. La transmission à l’économie de l’orientation accommodante de la politique monétaire de la BCE se poursuit, comme en témoigne le nouvel assouplissement des conditions de l’offre de crédit, le récent retournement des encours de crédit et la dépréciation du taux de change effectif de l’euro. Le bas niveau des cours du pétrole devrait favoriser la consommation et l’investissement. En outre, également en raison du récent afflux de réfugiés, qui devrait entraîner une augmentation de la consommation publique et des transferts aux ménages, la demande intérieure bénéficiera d’un certain assouplissement budgétaire."
Les prévisions économiques de l'Union Européenne
Les prévisions économiques de l'Union Européenne sont publiées trois fois par an. Ce sont les prévisions de novembre 2015 qui sont présentées ci-dessous :
Prévisions pour l'U.E 2014 2015 2016 2017
Croissance du PIB % 1,4 1,9 2,0 2,1
Inflation % 0,6 0 1,1 1,6
Chômage % 10,2 9,5 9,2 8,9
Solde budgétaire public % - 3,0 - 2,5 -2,0 - 1,6
Dette public brute % 88,6 87,8 87,1 85,8
Balance des opérations courantes % 1,6 2,2 2,2 2
Un optimisme mesuré
La commission européenne estimait en novembre 2015 selon les déclarations de Pierre MOSCOVISCI, commissaire européen que "l'économie européenne reste sur une trajectoire de reprise ... Nous voyons la croissance augmenter et le chômage et les déficits budgétaires diminuer"
3 - Les perspectives pour la France
Les prévisions du Ministère des finances
Le gouvernement table sur une croissance de 1,5 % pour 2016, et espère même dépasser ce chiffre dans les faits. Le gouvernement français espère même dépasser dans les faits ce chiffre: son ministre des Finances Michel Sapin a qualifié cette prévision de 1,5% en 2016 de "prudente", lors d'une conférence de presse dès le 15 septembre 2015. Il a conclu «Notre projet de budget se fondera donc sur une hypothèse de croissance prudente, à 1,5% pour 2016 »).
Les prévisions de l’OCDE
Pour l’OCDE, dans ses perspectives économiques de novembre 2015 qui concernent la France, la croissance économique devrait s’accélérer graduellement pour atteindre 1,3 % en 2016 e 1,6 % en 2017 grâce à la baisse des prix du pétrole, au ralentissement de l’assainissement budgétaire et aux effets cumulés des mesures de relance monétaire.
Les prévisions des économistes
Les économistes sont majoritairement assez optimistes. C’est ainsi que l’Institut COE rexecode souligne dans son document de travail n° 53 d’octobre 2015 que « la croissance française sera plus forte en 2015 qu’en 2014 (+1,1%, après 0,2%). Ce redressement de l’activité est peu surprenant au vu du caractère favorable de l’environnement. Il n’a toutefois pas encore permis un raffermissement de l’offre. Ce chaînon toujours manquant à la croissance nous conduit à maintenir une prévision prudente pour 2016 (+1,2 %)".
Les prévisions économiques de la commission Européenne pour la France
Les prévisions économiques de l'Union Européenne sont publiées trois fois par an. Ce sont les prévisions de novembre 2015 pour la France qui sont présentées ci-dessous :
Prévisions pour la France 2014 2015 2016 2017
Croissance du PIB % 0,2 1,1 1,4 1,7
Inflation % 0,6 0,1 0,9 1,3
Chômage % 10,3 10,4 10,4 10,2
Solde budgétaire public % - 3,9 - 3,8 -3,4 - 3,3
Dette public brute % 95,6 96,5 97,1 97,4
Balance des opérations courantes % -2,3 -1,3 -1,6 -2,2
Le diagnostic de la Banque de France
Dans ses prévisions économiques (Projections macroéconomiques) de décembre 2015, la Banque de France confirme un optimisme raisonné. Selon les projections macroéconomiques pour la France effectuées dans le cadre de l’Eurosystème, après trois années de croissance faible, le PIB progresserait en moyenne annuelle (m.a.) de 1,2 % en 2015. La reprise se confirmerait ensuite, mais l’accélération resterait modérée : le PIB croîtrait de 1,4 % en 2016 et de 1,6 % en 2017. Avec la poursuite de la politique monétaire accommodante de la BCE, l’activité bénéficierait de la reprise de la croissance dans la zone euro, qui atteindrait 1,5 % en 2015, 1,7 % en 2016 et 1,9 % en 2017. La croissance française serait également soutenue par le redressement de facteurs internes : la reprise progressive de l’investissement des entreprises et la hausse de la consommation des ménages. Du fait de la baisse du prix du pétrole, l’inflation (IPCH) en France resterait très faible en 2015, à 0,1 % en moyenne annuelle, avant de remonter jusqu’à 1,5 % en 2017. Dans la zone euro, l’inflation (IPCH) en moyenne annuelle serait aussi de 0,1 % en 2015 et atteindrait 1,0% en 2016 et 1,6 % en 2017.
4 -L'action de la Banque Centrale Européenne
Une inflation trop faible
En octobre, l’inflation est restée désespérément nulle en zone euro, après avoir reculé de 0,1 % le mois précédent. Loin, bien loin de la mission de la BCE, qui consiste à maintenir l’indice des prix à la consommation « à un niveau inférieur mais proche des 2 % ».
Les rachats d'actifs de la BCE
La BCE a programmé le rachat entre mars 2015 et septembre 2016 de 60 milliards d’euros d’actifs chaque mois, essentiellement des dettes souveraines (des Etats). Cette « opération de rachat que certains ont qualifié d’opération de « planche à billets » visait à dynamiser le crédit, la consommation, l’investissement, et donc l’inflation et la croissance… Le mécanisme – également appelé assouplissement monétaire, ou « quantitative easing », QE en anglais – a, selon les économistes, en outre pour objectif non avoué de faire baisser le cours de l’euro afin d’améliorer la compétitivité des entreprises européennes à l’export.
Le plan d’investissement de la Commission européenne
Ce plan d’investissement qui pourrait atteindre 315 milliards vise principalement à supprimer les obstacles aux investissements, à accroître la visibilité des projets d’investissement, et à leur fournir une assistance technique, ainsi qu'à faire une utilisation plus intelligente des ressources financières nouvelles et existantes. Pour atteindre ces objectifs, le plan prévoit trois volets : mobiliser des investissements à hauteur d’au moins 315 milliards d’euros sur trois ans ; soutenir les investissements dans l’économie réelle ; créer un environnement propice aux investissements.
Un optimisme raisonné et raisonnable
Comme beaucoup d’autres pays, la France est affectée par le chômage. Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A s'élevait à fin décembre 2014 à 3,496 millions pour la France métropolitaine. En octobre 2015, il atteignait 3.85 millions. Cependant, les pouvoirs publics restent confiants. Le chef de l’Etat a ainsi assuré que les baisses d’impôts n’alourdiraient pas le déficit public. Le gouvernement a fixé la réduction du déficit public à 3,3% du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Il va mettre en oeuvre un nouveau plan de lutte contre le chômage. Tous souhaitent un plein succés.
Avec nos voeux les meilleurs pour 2016 !